Un site rassembleur

Un lieu de mémoire :

Un lieu naturel :

Un terrain de sport :

Un site rassembleur - le site des grands événements :


Un lieu de mémoire

Monument Wolfe – 1832

La plus ancienne commémoration sur les Plaines est le monument Wolfe, situé devant l’entrée principale du Musée national des beaux-arts du Québec, à l’endroit traditionnellement reconnu comme le lieu où James Wolfe a rendu l’âme au cours de la bataille du 13 septembre 1759. Aujourd’hui, le monument est constitué d’une colonne dorique de 11,5 mètres de hauteur et surmontée d’un casque et d’une épée. Sur les quatre faces du socle du piédestal, des plaques commémoratives rappellent l’événement et l’histoire de ce lieu de mémoire.

Le premier monument à cet endroit aurait été une pierre que des soldats dévoués auraient roulée à l’endroit où Wolfe a trouvé la mort . En 1790, le major Samuel Holland, arpenteur général de la province, marque le lieu par un repère géodésique. La sobriété de ces premières commémorations s’explique par la volonté des autorités britanniques de ne pas « honorer trop publiquement la mémoire de Wolfe de peur de heurter une population pour qui le souvenir de 1759-1760 n'était déjà que trop pénible ».

Premier monument Wolfe

Le premier monument Wolfe sur les plaines d’Abraham. Au loin, la cavalerie en exercice.

Source : H. Church, 1838, BAC.

Or, certains Anglais déplorent que leurs compatriotes ne témoignent pas plus de respect envers leur général victorieux. Avant 1827, seule une petite statue exposée au coin des rues Saint-Jean et du Palais rappelle sa mémoire. Après cette date, un obélisque est érigé dans le jardin des Gouverneurs par le gouverneur Lord Dalhousie. Exceptionnellement, le monument rend hommage aux deux généraux tombés, Wolfe et Montcalm, dans le but d’améliorer les relations entre Canadiens et Anglais. Ce geste n’est toutefois pas suffisant pour assouvir le besoin des Anglais de commémorer celui qu’ils considèrent comme un héros de l’Empire.

En 1832, lord Matthew Whitworth Aylmer, gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique, tente de régler le problème en remplaçant le repère détérioré qui marque le lieu du trépas de Wolfe sur les Plaines par un véritable monument, une colonne tronquée portant l’inscription: «Here died Wolfe victorious - September XIII – MDCCLIX ». En pleine montée du mouvement nationaliste, quelques années seulement avant la révolte des Patriotes, le monument acquiert une grande portée symbolique .

Le pouvoir de ce symbole sera d’ailleurs à l’origine de la détérioration prématurée du monument. Il était d’usage à l’époque que les visiteurs apportent un souvenir de la visite du lieu sous la forme de morceaux de la colonne. En 1849, la détérioration est telle que le monument doit être remplacé. On lui substitue donc une colonne dorique surmontée d'un casque et d'une épée. Celle-ci est un don de l’armée britannique en poste à Québec. On conserve la plaque de 1832 et on en installe une deuxième. Cette fois, on entoure ce monument d’une clôture de fer hérissée de pointes pour le protéger des visiteurs . Détérioré par plus d’un demi-siècle d’intempéries, ce monument est remplacé en 1913 . La Commission des champs de bataille nationaux commande une reproduction en granit de la colonne, mais conserve les plaques et les pièces de tête. On y ajoute une troisième plaque, sur laquelle est décrite l’histoire des monuments précédents .

Deuxième monument Wolfe

Le monument Wolfe sur les plaines d’Abraham, 1880; en arrière-plan, la prison.

Source : L’Opinion publique, 10 juin 1880.   

La valeur symbolique du lieu est réaffirmée avec la montée du nationalisme québécois dans le tumulte des années 1960. Pour plusieurs Canadiens français, le monument Wolfe est érigéà la mémoire de la défaite du peuple canadien-français et est «le symbole de [son] écrasement au rôle d’éternelle minorité[…]comme une insulte à [sa] dignité ». Dans la nuit du 29 mars 1963, le monument est renversé et détruit dans un geste d’éclat qui contribue à faire connaître un nouveau groupe extrémiste: le Front de libération du Québec (FLQ). Le 24 mai 1965, le jour de la fête de la Reine, au moment où des milliers d’émeutiers se rassemblent au parc Lafontaine à Montréal, le socle du monument Wolfe est vandalisé avec de la peinture .

La ré-érection du monument Wolfe, différée jusqu’en 1965, engage malgré elle la Commission des champs de batailles nationaux dans le débat politique et linguistique. Avant 1963, les plaques commémoratives qui se trouvent sur son socle étaient rédigées en anglais seulement. Celles-ci sont dérobées quelques mois après la démolition du monument. Lorsqu’un cinquième monument est érigé en juillet 1965, on y accole de nouvelles plaques bilingues, l’année même où la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (Commission Laurendeau-Dunton) dépose son rapport préliminaire. Sur ces nouvelles plaques, on omet le mot «Victorious» qui suivait «Here Died Wolfe», «parce que ce mot pouvait sembler chatouilleux à certains groupes de citoyens ». Cette omission soulève la controverse dans la communauté anglophone, qui déplore que l’on veuille priver Wolfe de sa victoire. Jusqu’à la Chambre des communes, on accuse le gouvernement de mollesse.

Les différentes controverses qui ont entourés l’histoire du monument Wolfe témoignent de sa grande portée symbolique. Plus qu’un lieu de mémoire, le monument est à la fois un lieu de réconciliation et d’affrontement où se sont exprimés, au gré des contextes propres à chaque époque, les rapports conflictuels ou harmonieux entre les héritiers des deux armées qui se sont affrontés sur les Plaines.

Le puits de Wolfe

À quelques pas du monument Wolfe se trouve le puits dans lequel on aurait puisé de l’eau pour désaltérer le général mourant. La propriété sur laquelle le puits est situé ayant changé maintes fois de mains depuis la bataille de 1759, le puits a été remblayé et déblayé quelques fois au 19e siècle. Celui-ci est restauré en 1932 par les frères dominicains et est offert à la Commission des champs de bataille nationaux en 1942 qui en assure depuis l'entretien.

Puits de Wolfe

Puits de Wolfe restauré en 1932. Depuis 1759, le puits a été remblayé et déblayé à quelques reprises, ce qui fait que nous ne connaissons pas aujourd'hui la forme de celui qui a abreuvé le célèbre général.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Monument des Braves

Au début des années 1850, des ouvriers découvrent des ossements que l’on identifie vraisemblablement aux soldats morts le 28 avril 1760 lors de la bataille de Sainte-Foy. La Société Saint-Jean-Baptiste entreprend donc de les transporter dans une tombe commune, sur un terrain offert par un citoyen, le 5 juin 1854 . Dans le but de commémorer cette victoire française, on prévoit y ériger un monument à l’emplacement du moulin Dumont, site où ont eu lieu les combats les plus féroces. C’est le 18 juillet de la même année qu’est posée la pierre angulaire du monument. Un cortège de plusieurs milliers de personnes assiste à l’événement. L’équipage du navire de guerre français «La Capricieuse», un des premiers navires français à venir à Québec depuis la Conquête, participent également à la cérémonie. Cette réconciliation symbolique coïncide avec la nouvelle alliance entre l’Angleterre et la France au cours de la guerre de Crimée (1853-1856).

Une campagne de souscription est menée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec pour la réalisation du monument dessiné par l’architecte Charles Baillairgé et construit par John Ritchie et Joseph Larose . En 1860, à l’occasion du centenaire de la bataille, une base de pierre est érigée. Le 24 juin 1861, c’est au tour du piédestal et de la colonne en fonte. La statue trônant au sommet de la colonne, une représentation de Bellone, déesse romaine de la guerre, est un don du prince français Jérôme-Napoléon, cousin de l’empereur Napoléon III. Elle mesure trois mètres de haut, porte la lance et le bouclier, et est tournée vers la partie du champ de bataille qu’occupait l’armée française. Sur le cénotaphe servant de base à la statue se trouvent quatre mortiers de bronze. Deux plaques rappellent les deux généraux dirigeants les armées ennemies, Lévis et Murray. Le monument, de 22 mètres de  hauteur, est officiellement inauguré le 19 octobre 1863.

La Société Saint-Jean-Baptiste n’ayant plus les moyens financiers de s’occuper de la statue, le terrain devient propriété du gouvernement du Canada en 1864 . En 1892, le monument est restauré, la colonne repeinte et la base solidifiée. On aménage l’entourage du monument. Après la création du parc des Champs-de-Bataille, le monument et le terrain deviennent propriété de la Commission des champs de bataille nationaux, qui restaure le monument en 1914. En 1912, l’avenue des Braves est aménagée selon les plans de Frederick G. Todd. En 1913-1915, le Parc des Braves est construit. Le monument est déplacé de quelques mètres au nord lors de l’élargissement du chemin Sainte-Foy en 1970 . En 2000, des travaux de réfection et de restauration sont réalisés.

Le monument des Braves

L’avenue et le monument des Braves.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Croix du Sacrifice – 1924

Après la Première Guerre mondiale, des monuments commémorant les soldats tombés au champ d’honneur sont inaugurés dans un grand nombre de villes. Les croix du Sacrifice deviennent une tradition dans tout le Commonwealth à partir des années 1920. À Québec, un comité est formé et il amasse des fonds auprès des citoyens. Le 1er juillet 1924, aux fêtes de la Confédération, la Croix du Sacrifice est inaugurée à l’entrée principale des plaines d’Abraham, aux abords de la Grande Allée. Ce monument veut alors rendre hommage aux quelque 60 000 Canadiens, dont 219 citoyens de Québec, morts au cours de la Grande Guerre. On peut y lire: « À nos morts de la grande guerre. To the citizens of Quebec who fell in the great war.» De même, la devise officielle du Québec «Je me souviens», inscrite sur le socle, évoque le souvenir des soldats disparus. La croix est taillée dans un monolithe et un glaive de bronze recouvre sa face.

Croix du Sacrifice

La Croix du Sacrifice en hommage aux soldats canadiens qui ont fait don de leur vie au cours des guerres du 20e siècle.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

L’inauguration du monument se fait en présence du Royal 22e Régiment, de l’équipage du H.M.S Valerian et de plus de 200 vétérans. En présence de nombreux autres dignitaires, dont le lieutenant-gouverneur du Québec, Narcisse Pérodeau, le gouverneur général du Canada, Julian Byng, baron de Vimy, dévoile la croix. On observe deux minutes de silence et on fleurit le pied du monument. À l’automne 1947, une cérémonie est organisée pour souligner l’ajout de l’hommage aux morts de la Deuxième Guerre mondiale. Le 9 novembre, on enfouit de la terre française, sous le tertre sur lequel se trouve la croix, du côté faisant face à la Grande Allée. Enfin, le sacrifice des soldats tombés au cours de la Guerre de Corée (1950-1953) est aussi commémoré. Chaque année, à l’anniversaire de l’Armistice et au jour du Souvenir, le 11 novembre à 11 heures, une cérémonie s’y déroule. Les amputés de guerre, les anciens combattants, les dignitaires et les militaires rendent hommage aux soldats sacrifiés.

Monument Jeanne d’Arc – 1938

Cette statue représente Jeanne d’Arc avant la bataille, montée sur un cheval et vêtue d’une armure. Elle repose sur un cénotaphe composé d’un bloc de pierre de 28 tonnes, provenant des monts Notre-Dame, aux États-Unis. Œuvre de la sculpteure Anna Hyatt Huntington (1876-1973), cette statue serait une des cinq reproductions d’une œuvre originalement commandée par la ville de New York se trouvant à Riverside Park depuis 1915 . D’autres répliques sont présentes à Blois (France), Gloucester (Massachusetts), et à San Francisco (Californie).

L’histoire de ce monument sur les Plaines commence par un don fait à la Commission des champs de bataille nationaux. Tombés sous le charme de la ville de Québec, un couple d’Américains, qui exige à l’époque de garder l’anonymat mais dont la femme n’est autre que la sculpteure elle-même, Anna Hyatt Huntington, offre la statue de Jeanne d’Arc. Or, le dévoilement du monument, en 1938, crée quelques remous. Une statue dédiée à une sainte célèbre pour avoir aidé à libérer la France des Anglais n’aidait en rien la célébration de la bonne entente entre Canadiens français et Canadiens anglais. La dédicace du monument justifie ainsi la présence de Jeanne la Pucelle sur le parc des Champs-de-Bataille: 

«Comme emblème du patriotisme et de la  vaillance des héros de 1759-1760»

Le monument, de même que le jardin le mettant en valeur, sont inaugurés le 1er septembre 1938.

Le monument Jeanne d'Arc

Le monument Jeanne-d’Arc et son jardin.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Monument Garneau – 1957

Situé en plein cœur des plaines d'Abraham, à l’angle des avenues George VI et Garneau, le monument Sir-George-Garneau rend hommage au maire de Québec (1906-1910) qui a été un des principaux artisans des fêtes du tricentenaire de Québec de même que de la création du parc des Champs-de-Bataille. Un buste de bronze à son image commémore également son engagement à titre de président de la Commission des champs de bataille nationaux de 1908 à 1939.

Le buste est dévoilé le 7 septembre 1958 par la Commission des champs de bataille nationaux dans le cadre de son cinquantième anniversaire de fondation. Le monument est l’œuvre du sculpteur québécois Raoul Hunter, mieux connu comme caricaturiste du journal Le Soleil de 1956 à 1989.

Sir George Garneau

Le monument à sir George Garneau et une pierre à la gloire d’un officier mort au champ d’honneur le 13 septembre 1759.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Fontaine du Centenaire – 1967

Dans le but de commémorer le centenaire de la Confédération canadienne en 1967, la Commission des champs de bataille nationaux érige une fontaine sur le terrain occupé autrefois par l’Observatoire de Québec (1864-1936). La fontaine est inaugurée en octobre 1967. Elle se compose de deux bassins, dont l’un a douze mètres de diamètre, et de sept jets d’eau s’élevant jusqu’à neuf mètres. En 2017, la fontaine est restaurée et illuminée afin de souligner le 150e anniversaire de la Confédération.

Fontaine du Centenaire

La fontaine du Centenaire.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Cadran solaire – 1987

À l’été 1987, la Commission des champs de bataille nationaux installe un cadran solaire, près de la fontaine du Centenaire et de l’actuel Pavillon de service. Celui-ci, qui repose sur un bloc de granit rose, a été conçu par l’arpenteur-géomètre Rafael N. Sanchez, alors doyen de la faculté de génie de l’Université de Tucuman, en Argentine, et professeur à l’Université Laval .

Le cadran est un des rares qui indique, à une minute près, l’heure avancée de l’Est. Plutôt que le traditionnel fil de lame unique, l’ombre est créée par un style prismatique d’aluminium à deux arêtes. La table de lecture de forme elliptique comporte 1000 points correspondant à toutes les dix minutes du premier et du quinzième jour des mois de mai à octobre . On a dû recourir à l’informatique pour créer la table. À chaque mois correspond une ligne de couleur différente; l’intersection de l’ombre et de cette ligne indique l’heure.

Le cadran solaire rappelle une partie de l’histoire des Plaines, soit l’époque où l’Observatoire de Québec, par les travaux astronomiques qui y étaient menés, régissait la mesure du temps dans la ville.

Cadran solaire

Le cadran solaire.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Monument aux combattants – 2009

Le 13 septembre 2009, la Commission des champs de bataille nationaux a procédé au dévoilement d’un mémorial aux combattants militaires et civils qui ont pris part aux batailles de 1759 et 1760. Elle a invité les quelque 75 descendants présents sur le site même de l’affrontement à honorer la mémoire de leurs ancêtres, en ce jour historique du 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham.

Le mémorial est dédié à tous ces hommes, combattants – civils et militaires – de 1759 et de 1760. Il est également un hommage au courage dont a fait preuve la population civile de Québec et de ses environs qui a subi les affres de cette guerre et qui a lutté avec détermination pour la survie de sa colonie.

Conçu par Claire Lemieux et Jean Miller, le mémorial est composé d’un monument et de trois panneaux d’interprétation. Sous forme de stèle à trois côtés, le monument «Hommage aux combattants» rappelle les trois événements vécus par les combattants : la guerre de Sept Ans (1756-1763), généralement considérée comme le premier conflit mondial de l’histoire, dans laquelle s’inscrivent la bataille des plaines d’Abraham (13 septembre 1759) et la bataille de Sainte-Foy (28 avril 1760).

Afin de respecter la sobriété et la continuité des monuments érigés sur le parc, le granit gris et noir a été privilégié et la pointe en cuivre s’harmonise avec les éléments de signalisation du parc. Au sommet de la stèle figure un parchemin en aluminium gravé, symbolisant une page de notre histoire, avec une touche contemporaine.

Cérémonie de dévoilement

Cérémonie - dévoilement.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Quant aux panneaux d’interprétation, ils présentent, dans un premier temps, une mise en contexte de la guerre de Sept Ans en Amérique et à Québec ainsi qu’une chronologie des principaux événements. Les deux autres panneaux sont consacrés, respectivement, à la bataille des plaines d’Abraham et à la bataille de Sainte-Foy; chacun présentant le contexte dans lequel se sont déroulés ces affrontements, les forces en présence, les lignes de batailles ainsi que le déroulement des batailles.

Monuments Lévis et Murray – 2010

Le 28 avril 2010, date anniversaire de la bataille de Sainte-Foy, la Commission des champs de bataille nationaux a procédé au dévoilement de deux monuments honorant la mémoire des commandants des troupes françaises et britanniques, et de leurs alliés respectifs. Une courte cérémonie s’est déroulée au parc des Braves, site de l’affrontement.

Le sculpteur Michel Binette a créé deux oeuvres de bronze finement ciselées, complémentaires et dignement représentatives des généraux Lévis et Murray. Elles reposent sur des socles de granit avec une inscription saluant les généraux des troupes françaises et britanniques. À proximité, un panneau d’interprétation évoque la bataille de Sainte-Foy, le monument des Braves et le parc du même nom.

François-Gaston, chevalier de LévisJames Murray

François-Gaston, chevalier de Lévis, et James Murray.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Plaques commémoratives et panneaux d’interprétation

Parallèlement à la mise en place de monuments d’envergure, la Commission des champs de bataille nationaux a voulu commémorer les lieux majeurs de la bataille et les événements importants qui se sont déroulés sur les Plaines. Dès 1914, on discute de la possibilité de placer une série de plaques sur le parc. Ce n’est toutefois qu’en 1939 qu’on donne vie au projet. Il est alors décidé de commémorer la première visite du roi au Canada et d’autres événements historiques reliés à la bataille des plaines d’Abraham. Durant l’été 1940, dix-huit plaques commémoratives sont installées sur le territoire géré par la Commission.

À cette volonté de commémorer s’ajoute aujourd’hui celle de raconter, d’expliquer, de faire découvrir aux visiteurs certaines facettes des Plaines. Des panneaux d’interprétation se trouvent donc un peu partout sur le parc et portent sur de différents sujets: bataille de 1759, observatoire astronomique, golf sur les Plaines, etc.


Jean Provencher, «Le parc du souvenir», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 262.

Parc des champs de bataille nationaux. Plan directeur: phase 1 "inventaire préliminaire", Ottawa, La Commission des champs de bataille nationaux, 1975, p. 21.

Centre interuniversitaire d'études québécoises (CIEQ), Inventaires de lieux de mémoire en Nouvelle-France,  [http://inventairenf.cieq.ulaval.ca/inventaire/rechercheSimpleForm.do], (26 novembre 2007).

Juliette Dutour, «Négociation et Construction Patrimoniales d'une Capitale au 20ème siècle», Equinoxes, No. 5, (Printemps/Eté 2005), par. 9.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham,  p. 141.

Archives de la Commission des champs de bataille nationaux, procès-verbaux du conseil d’administration du 16 avril et du 18 novembre 1912.

Centre interuniversitaire d'études québécoises (CIEQ), Inventaires de lieux de mémoire en Nouvelle-France,  [http://inventairenf.cieq.ulaval.ca/inventaire/rechercheSimpleForm.do], (26 novembre 2007).

Jacques Lemieux, «Wolfe devra mourir une autre fois», Garnier, mai-juin 1963.

Jos.-L. Hardy, «Des actes de vandalisme marquent la fête de la Reine», Le Soleil, 24 mai 1965. p. 8.

Jean-Guy Langlois, porte-parole de la CCBN, cité dans «On a enlevé à Wolfe sa dernière victoire», La Presse, 27 juillet 1965.

Archives de la Commission des champs de bataille nationaux, [Québec, 19 août 1940], CCBN 8400-2/1, vol. 2.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 142.

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G.-E. Marquis, Les monuments commémoratif de Québec, Québec, L’Éclaireur limitée, 1958, p. 140.

G.-E. Marquis, Les monuments commémoratif, p. 141.

New York City Statues, [http://newyorkcitystatues.com/statues-in-the-news/2007/10/4/page-of-the-month-anna-huntington.html], (26 novembre 2007).

Claude Tessier, «Un cadran solaire qui donne l’heure avancée de l’Est», Le Soleil, 14 août 1988, p. B-2.

Jean Provencher, «Le parc du souvenir», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 270.


Un lieu naturel

Les plaines d’Abraham constituent depuis très longtemps un site naturel qui a su intéresser et charmer ses visiteurs. Déjà au 18e siècle, des scientifiques tels que Michel Sarrazin, Jean-François Gaultier et Pehr Kalm y observaient la flore sauvage. Aujourd’hui encore,  les touristes et les résidants de la ville viennent s’y balader et y admirer les splendeurs de la nature. Et cet intérêt pour les Plaines s’explique notamment par la beauté de son jardin, le jardin Jeanne-d’Arc, de ses mosaïcultures, de ses plates-bandes et de ses arbres.

Le jardin Jeanne d’Arc

Le jardin Jeanne d’Arc ne figurait pas dans les plans originaux de Frederick G. Todd, l’architecte-paysagiste chargé de l’aménagement du parc en 1909. Celui-ci doit plutôt son existence à un cadeau offert par un couple d’Américains. Tombés sous le charme de la ville de Québec, M. Archer Milton Huntington et son épouse Anna Hyatt Huntington donnent à la Commission des champs de bataille nationaux une statue équestre de Jeanne d’Arc sculptée par Mme Hyatt Huntington elle-même. Après de nombreuses discussions à savoir à quel endroit placer la statue de même que sur la justification de la présence de l’héroïne française sur le parc des Champs-de-Bataille, il est décidé de créer un jardin au milieu duquel trônerait la statue.

La conception du plan du jardin est confiée en 1938 à Louis Perron, premier Québécois à avoir obtenu un diplôme d’une école d’architecture de paysage de niveau universitaire. Son mandat est de concevoir un plan qui tienne compte de l’aménagement d’ensemble de Todd. Dans ses premiers plans, Perron prévoit quatre entrées majestueuses devant donner accès au jardin de même que deux plans d’eau qui agiraient comme des miroirs dans lesquels la statue de Jeanne d’Arc se refléterait. Les contraintes financières imposées par l’imminence d’une guerre (la Deuxième Guerre mondiale) obligent toutefois l’architecte paysagiste à revoir ses dessins. Les plans d’eau sont remplacés par des roseraies alors que les entrées sont plus modestes.

Le jardin Jeanne d’Arc est le joyau floral des plaines d’Abraham. De forme rectangulaire (165 m x 43 m) et légèrement en contrebas (sunken garden), il allie le style classique français aux plates-bandes mixtes à l’anglaise, le tout entouré de haies d’arbustes et d’une rangée d’ormes américains. Le jardin se compose aux 2/3 de plantes vivaces, ce qui lui donne un caractère de spontanéité et une allure naturelle.

Le jardin Jeanne-d’Arc

Le jardin Jeanne-d’Arc.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Mosaïculture

La mosaïculture est une technique qui consiste à créer un dessin ou un lettrage en relief à l’aide de plantes spécifiques (Santolinas, Alternantheras) choisies principalement pour la couleur de leur feuillage et leur homogénéité de croissance. Cette culture, assez coûteuse, demande beaucoup de préparation, de minutie et de patience.

Sur les Plaines, cet art est exercé depuis les années 1910. Aujourd’hui, on trouve les mosaïcultures à la base des principaux monuments. L’équipe du service des espaces verts de la Commission des champs de bataille nationaux travaille également depuis quelques années à développer des techniques et des présentations originales en variant par exemple les types de plantes utilisées.

Montage pour une mosaïculture

Montage pour une mosaïculture.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Plates-bandes

Outre le jardin Jeanne d’Arc et les mosaïcultures, les horticulteurs des Plaines mettent également en valeur d’autres endroits sur le parc. Des plates-bandes mixtes à l’anglaise peuvent être vues le long de la rue Ontario, à la fontaine du centenaire, au cadran solaire et à la Croix du sacrifice. Tous les plants du jardin Jeanne d’Arc et du reste du parc sont produits dans les serres appartenant à la Commission des champs de bataille nationaux, situées près du Musée national des beaux-arts du Québec. La plus grande a été construite en 1916-1917, ce qui en fait l’une des plus anciennes encore utilisées aujourd’hui. Ces serres offrent l’avantage de pouvoir produire une très grande variété de plantes tout en les rendant disponibles au moment opportun pour la plantation.

Plates-bandes

Plates-bandes.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Arboriculture

Le parc des Champs-de-Bataille et le parc des Braves comptent près de 6000 arbres inventoriés et répartis en plus de 90 essences. De ce nombre, plus de 4400 sont numérotés, géoréférencés et fichés dans un système informatique. Chaque année, la Commission des champs de bataille nationaux procède à de nouvelles plantations afin de remplacer les arbres abattus de même que pour maintenir une population d’âge diversifié. Les essences les plus nombreuses sont l’érable argenté, l’érable à sucre, l’orme d’Amérique, l’érable de Norvège, le frêne d’Amérique et l’aubépine. On remarque également des essences intéressantes par leurs caractéristiques et leur exotisme: le Ginkgo bilboa, le Catalpa speciosa, le lilas japonais, le noisetier de Byzance et le Phellodendron.


Un terrain de sport

Courses de chevaux

Pratiquées par les gentlemen anglais dès le 16e siècle, les courses de chevaux sont parmi les premiers sports à être introduits à Québec par les Britanniques. Soucieuses de développer les races chevalines et de favoriser l’élevage de chevaux, si essentiel aux troupes de l’Empire, les autorités sont promptes à supporter cette activité.

Une des premières courses dont on ait conservé des traces a lieu en 1767 sur les «hauteurs d’Abraham» et est organisée par des militaires de la garnison de Québec. C’est le capitaine Prescott qui, sur une jument nommée Modesty, remporte une bourse de 40 piastres. On considère cette course comme la première course sportive de chevaux publicisée au Canada.

Le Quebec Turf Club, fondé en 1789, organise quelques épreuves sur les Plaines. Ce n’est que dans les premières années du 19e siècle que seront organisées des courses de façon régulière. L’hippodrome est alors situé à l’extrémité ouest des Plaines, à l’endroit aujourd’hui connu comme le terrain des sports, devant le Musée national des beaux-arts du Québec. Ce terrain, loué aux militaires par les Ursulines, est un des principaux hippodromes au pays. On vient des États-Unis et de partout au Canada pour faire courir les meilleurs chevaux. Des milliers de personnes assistent à chaque course où les élans des supporteurs fréquentant les débits de boissons ne manquent pas de créer quelques débordements.

Course de chevaux

Course de chevaux sur les plaines d’Abraham au 19e siècle.

Source : Royal Ontario Museum.

À l’été 1808, quelques milliers de spectateurs, dont le gouverneur James Craig, assistent à une compétition d’envergure. Les courses, à la réglementation sophistiquée et complexe, ne se comparent en rien à celles, plus traditionnelles, que pratiquent les Canadiens. Comme ces derniers n’ont pas accès à des chevaux de la qualité des pur-sang anglais, le gouverneur accorde, pour se concilier la population, une bourse de quinze guinées pour une épreuve réservée aux chevaux du pays. Très peu de Canadiens y participent, car il s’agit d’une course montée dans la plus pure tradition britannique, tandis que les Canadiens préfèrent généralement se déplacer attelés en «voiture». De nouveau en 1829-1830, le Club met en jeu un prix réservé aux Canadiens, le Jean-Baptiste Plate, d’une valeur de vingt piastres, somme représentant le salaire mensuel d’un ouvrier.

Jusqu’en 1830, le Quebec Turf Club organise au moins une journée de course par an. Dans les années 1830, en raison des tensions entre anglophones et Canadiens français et du contexte politique explosif, le Quebec Turf Club s’abstient d’organiser des courses. Les nationalistes canadiens et la population dénoncent ce sport de gentlemen anglais. Après les Rébellions de 1837-1838 et dans la deuxième partie du siècle, même si ce sport demeure la chasse gardée des Anglophones, les Canadiens français finiront peu à peu par y trouver leur place. En 1847, afin de prévenir les désordres, le Quebec Turf Club déménage le champ de courses à l’Ancienne-Lorette, dans l’espoir que la distance découragera la classe industrieuse de s’y rendre.

À la fin du siècle, le sport s’est démocratisé et Québec compte quatre hippodromes, présentant des programmes plus diversifiés, dont des courses attelées. Après le départ de la garnison britannique en 1871 et la diminution de la population anglophone de Québec, le Quebec Turf Club perd sa clientèle traditionnelle et cesse ses activités en 1887.

Depuis, quelques événements sont venus rappeler ces premières courses de chevaux sur les Plaines. C’est sur ce champ de course que Buffalo Bill présente, en 1897, son spectacle à grand déploiement: le Buffalo Bill’s Wild West. L’hippodrome sert également pour lesfêtes du Tricentenaire en 1908 . Enfin, dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000, les Plaines accueillent à plusieurs reprises les meilleurs chevaux au pays dans le cadre du Concours hippique de Québec.

Cricket

Ce sport national des Anglais est parmi les premiers sports d’équipe à être introduit au Canada. À Québec, les premières parties sont jouées sur les Plaines, dans les années 1830. Le sport est surtout pratiqué par les militaires en garnison. Deux équipes de onze joueurs s’affrontent sur un grand terrain ovale. Les joueurs devant être de même calibre, il est difficile pour les membres de la garnison de Québec de former des équipes équilibrées et ils doivent souvent attendre la visite d’un navire militaire anglais pour se mesurer à son équipage. Le cricket ne semble pas avoir été pratiqué régulièrement. Contrairement à beaucoup d’autres sports importés par les Britanniques, celui-ci n’a pas connu de popularité au Canada.

Crosse

Adapté d’un jeu amérindien, la crosse intéresse d’abord les Britanniques qui en normalisent les règles au milieu du 19e siècle. Dès lors, plusieurs équipes s’organisent . Les Canadiens français ne sont pas en reste. Ils fondent leur premier club, le Champlain, en 1868 et pratiquent sur un terrain près de la Grande Allée où sera construit le Pavillon des patineurs (Quebec Skating Rink). La plupart des clubs de Québec, qu’ils soient anglais, irlandais ou canadiens-français, jouent leurs premières parties sur les Plaines. La rivalité sportive se double d’une franche rivalité nationale. Après la joute, les joueurs se retrouvent autour d’un bon repas au restaurant Fréchette dans la côte de la Montagne ou à l’Imperial Hotel .

À l’occasion de grands rassemblements, les joueurs de crosse organisent aussi des concours d’athlétisme (courses, sauts, lancers) sur les Plaines, invitant les amateurs de sport à se joindre à eux.La journée se termine habituellement par un banquet et par la remise des prix aux vainqueurs au Pavillon des patineurs en présence d’une foule toujours nombreuse.

Les parties de crosse se déroulent surtout sur l’Esplanade, près de la porte Saint-Louis. Si elle n’est pas libre, les joueurs se rabattent sur les Plaines. Le terrain étant ouvert de toute part, les organisateurs peuvent difficilement rentabiliser l’événement en demandant un prix d’admission. Les clubs de crosse anglophones disposent de leur propre terrain sur le chemin Saint-Louis dès 1878, qu’ils financent grâce aux admissions .

Golf – 1874-1915

Le Quebec Golf Club est fondé en 1874, un an seulement après le Royal Montreal Golf Club, le premier club d’Amérique du Nord. Le club de Québec est créé par des Britanniques qui aménagent un parcours de 14 trous sur les plaines d’Abraham à l’endroit autrefois connu comme les Cove Fields, entre la Citadelle, la Grande Allée et les tours Martello no 1 et 2. Au début, on utilise les vaches d’un cultivateur pour couper l’herbe. Dans les années 1880, une faucheuse mécanique tirée par un cheval effectue ce travail .

Les membres du Quebec Golf Club affrontent les joueurs de Montréal lors d’un tournoi annuel. En 1876, ils se rencontrent dans un tournoi réputé pour être le premier en Amérique du Nord . Dès les années 1880, le terrain de golf des Plaines est considéré dans tout le continent pour son intérêt historique, sa beauté incomparable et les points de vue qu’il offre.

En 1882, 1887, 1892, 1894 et 1896, les membres du club de Québec remportent l’Interprovincial Cup, un trophée remis au meilleur club canadien. À Québec, le club est surtout composé de joueurs d’origine britannique, mais on y retrouve quelques Canadiens français dont fait partie George Garneau en 1899, maire de Québec de 1906 à 1910 et premier président de la Commission des champs de bataille nationaux. Le club joue sur les Plaines jusqu’en 1915 . Dans les années 1920, le Quebec Golf Club s’établit à Courville (Boischatel). En 1934, alors qu’il célèbre son 60e anniversaire d’existence, la mention royale est octroyée au club. On l'appellera désormais le Royal Quebec Golf Club, ou le club de golf Royal Québec.

Le terrain de golf

Le terrain de golf sur les plaines d’Abraham entre 1874 et 1915.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Hockey sur glace

Les premiers témoignages de joutes de hockey organisées à Québec datent de 1878, lorsqu’est fondé le Quebec Hockey Club. Aucune bande ni de sièges pour les spectateurs ne sont prévus lors de la construction du Pavillon des patineurs (Quebec Skating Rink) en 1877, devant le parlement actuel. On y pratique néanmoins ce nouveau sport, avec des équipes composées de sept à neuf joueurs. La difficulté de trouver des équipes de même calibre oblige les joueurs à lancer des défis aux équipes de Montréal. Cependant, les règlements diffèrent d’une ville à l’autre et lors des premières joutes entre Québec et Montréal dans les années 1880, on se plie aux règles de Montréal . À partir de la saison 1888, l’équipe de Québec joint les rangs de l’Amateur Hockey Association of Canada et affronte régulièrement les clubs de Montréal, d’Ottawa, de Darthmouth et de Halifax.

La rivalité est parfois féroce et les spectateurs se mettent de la partie, tentant d’intimider les arbitres, à un tel point que le Quebec Hockey Club est suspendu pour quelque temps en 1895. La violence est généralisée dans les équipes de hockey à la fin du 19e siècle: des joueurs «n’hésitent pas à se servir de leur bâton de hockey “comme un bûcheron d’une hache”» . Si cette violence fait quelques blessés à chaque rencontre, elle ne manque pas d’attirer plus de 2000 spectateurs.

À partir de 1889, le Quebec Hockey Club joue dans le nouvel aréna du Quebec Skating Club, situé à peu près à l’endroit où s’élève aujourd’hui la Croix du sacrifice. Le club devient professionnel en 1908 et devient vite connu sous le nom des Bulldogs. C’est sur les Plaines que les joueurs de Québec remportent la coupe Stanley à deux reprises: en 1911-1912 et 1912-1913. Le Pavillon des patineurs des Plaines est détruit par les flammes en 1918. Les Bulldogs joignent la Ligue nationale de hockey en 1917, mais n’y joue qu’en 1919. L’équipe déménage en 1920 et devient les Tigers de Hamilton (Ontario).

Les Bulldogs de Québec

Les Bulldogs de Québec, 1912-1913.

Source : Inconnue.

Contrairement au cricket, le hockey est massivement adopté par les Canadiens français dès le début du 20e siècle, qui en viennent à le considérer comme leur sport national.

Saut à ski

Les différentes formes de ski sont introduites au Québec à la fin du 19e siècle et au tournant du 20e siècle. Avec ses pentes abruptes à proximité de la ville, les plaines d’Abraham sont vite devenues le choix des premiers amateurs de ski alpin et des professionnels. Le Quebec Ski Club, fondé en 1907, organise des concours de saut à ski sur les Plaines à partir de cette date . Le club contribue à faire connaître le ski aux habitants de Québec. En mars 1909, il met sur pied une compétition de saut à ski sur les Cove Fields, à l’est de la Citadelle, remportée par un dénommé Harry Scott. Dans les années qui suivent, des compétions se tiennent chaque année. En 1910, un tremplin est construit. La compétition consiste à sauter le plus loin possible; on comptabilise alors la distance franchie en trois sauts. De 1908 à 1913, le Quebec Ski Club entretient un tremplin en bois derrière les édifices de la Ross Rifle Company, près de la tour Martello no 1. Jusque dans les années 1940-1950, les skieurs alpins dévalent les pentes des Plaines. Entre 1955 et 1980, la Société des cours populaires de ski donne des leçons de ski gratuites sur les Plaines pour les enfants de 8 à 14 ans. Au cours de cette période, un tremplin-école leur est accessible .

Saut à ski

Dans les premières décennies du 20e siècle, on pratiquait le saut en ski sur les plaines d’Abraham. Un tremplin avait même été érigé près de la tour Martello 1.

Source : BAC, 1918.

Tennis

À partir de 1927, la Commission des champs de bataille nationaux prête à l’Association des employés civils (association d’employés du gouvernement du Québec) un terrain sur l’emplacement de l’ancien Pavillon des patineurs (Quebec Skating Rink), près de la Croix du sacrifice. Dans les années 1930, l’association entretient des courts de tennis l’été. L’emplacement sert de patinoire l’hiver. Les courts de tennis sont démolis en 1937 lors de la construction de l’entrée du parc .

Ski de fond

Le ski de fond est popularisé à Québec à la fin du 19e et au tournant du 20e siècle par des Norvégiens. Très tôt, les Plaines sont reconnues comme un des meilleurs endroits autour de Québec pour le ski de randonnée. Le site est près de la ville et offre de magnifiques panoramas.

Avant la création des pistes, les skieurs peuvent pratiquer librement leur sport sur les Plaines. Dans les années 1980, la Commission discute la possibilité de tracer et d’entretenir des pistes ski de fond sur son territoire. Le projet se concrétise à l’hiver 1986-1987, lorsque sont inaugurées trois pistes qui font le plaisir des skieurs de Québec . Le tracé des sentiers est alors réalisé par Laurent Fortier et Bill Dobson, tous deux connus dans le monde du ski à Québec. Aujourd’hui, la Commission des champs de bataille nationaux entretient cinq pistes de ski de fond classiques et deux de ski de patin .

Ski de fond

Skieurs sur les plaines d’Abraham en 1933.

Source : W.B. Edwards, Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Raquettes

Empruntées aux amérindiens, la raquette est utilisée par les Canadiens comme un moyen de transport. Les Britanniques la transformeront vite en divertissement et en sport. Au début du 19e siècle, les bourgeois anglophones et les militaires postés à Québec, surtout les officiers, se promènent en raquettes sur les Plaines, en couples ou en groupes d’amis. Le moyen de transport se transforme en activité sociale. En 1845 est fondé le Quebec Snowshoe Club qui organise des sorties et des courses en raquettes, dont plusieurs sur les Plaines: «cette activité est tellement populaire que le rédacteur du journal Le Canadien suggère, en 1854, d’en faire un “jeu national canadien”» . Ces escapades se terminent habituellement par un repas dans un bon restaurant de la ville. À l’occasion, les différents clubs de Québec accueillent d’autres associations de Montréal ou d’Ottawa. Le comité sportif du Château Frontenac organise également des courses de ski et de raquette. Le trajet passe alors par les Cove fields .

La tradition se poursuit avec les différents clubs de raquette qui existent encore au Canada. Aujourd’hui, la Commission des champs de bataille nationaux entretient un sentier de raquette .

Traîne sauvage

Avec ses pentes abruptes, le Parc est l’endroit par excellence pour pratiquer un autre sport populaire dès le 19e siècle: la glissade. Inspirée des toboggans autochtones, la traîne sauvage se compose de quelques minces planches aux bouts relevés et peut loger jusqu’à trois personnes. Les plus casse-cou glissent debout, mais le plus souvent on glisse assis. L’élite de Québec se donne rendez-vous sur les Plaines lors des belles journées d’hiver. La proximité des glisseurs favorise les rapprochements, ce que ne manque pas de condamner le clergé catholique. À la fin du siècle, on construit une glissoire payante sur les glacis de la Citadelle.

Traîne sauvage

Glissade en traîne sauvage sur les plaines d’Abraham.

Source : D. Gale, 1860, BAC.

Patin à roues alignées

Un nouveau sport fait fureur dans les années 1990: le patin à roues alignées. Conformément au code de la sécurité routière qui régit la circulation sur les routes publiques, la Commission des champs de bataille nationaux interdit de patiner dans les rues qui sillonnent les Plaines.

Néanmoins, devant la popularité croissante de ce nouveau sport, la Commission a inauguré, en 1996, une piste multifonctionnelle où sont admis les patineurs. Elle est inaugurée officiellement le 22 juin lors d’un patin-o-thon, en présence du patineur de vitesse et champion olympique Gaétan Boucher . La piste asphaltée de 1,3 km est située à l’intérieure de la piste de jogging, devant le Musée national des beaux-arts du Québec.

Fidèle à sa vocation de vaste terrain de jeux, le parc des Champs-de-Bataille est toujours un lieu privilégié pour les amateurs de sports de la Capitale. En plus du patin à roues alignées, le parc permet encore aujourd'hui au grand public de pratiquer plusieurs autres sports tels quela course à pied, la marche, le vélo, le football, le soccer, le ski de randonnée, etc., et ce dans un environnement des plus invitants.


Jean-Marie Lebel, «Buffalo Bill, des plaines du Far-West aux plaines d’Abraham», Chroniques historiques, Commission de la capitale nationale, Québec, [http://www.capitale.gouv.qc.ca], (29 mai 2002).

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 159.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», p. 160.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», p. 159-160.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 161.

Noël Baillargeon, Le club de Golf Royal de Québec, 1874-1974, [Québec, Le Club de golf Royal Québec, 1974], p. 23.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», p. 161-162.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 162.

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», p. 163.

«Saut pour les skieurs», Le Soleil, 5 janvier 1921.

«Québec Ville boréale! Ville de ski!», Musée de la civilisation/Musée du ski. [s.l.], [s.n], [s.d.], p. 8.

Archives de la Commission des champs de bataille nationaux, [Correspondance entre la CCBN et l’Association des employés civils], 2650-1/25 vol 1.

Pierre Savard, «Des «vrais» pistes sur les Plaines!», Le Soleil, 19 octobre 1986.

Pour connaître les détails sur les services offerts, visiter le
http://www.ccbn-nbc.gc.ca/_fr/sportsloisirs.php .

Donald Guay, «Culture, sports et divertissements, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 165.                                                                                                         

«Les sports demain», Le Soleil, 15 janvier 1921.

Pour connaître les détails sur les services offerts, visiter le
http://www.ccbn-nbc.gc.ca/_fr/sportsloisirs.php .

«Roulez sur les Plaines, Le Soleil, 21 juin 1996.


Un site rassembleur - le site des grands événements

Les plaines d’Abraham constituent depuis très longtemps un lieu de rassemblement par excellence. Avant même la création du parc des Champs-de-Bataille en 1908, on y organise par exemple des foires agricoles, et ce dès la fin du 18e siècle. L’armée utilise également les Plaines au 19e siècle pour procéder à des revues et à des manœuvres militaires. Celles-ci attirent de nombreux curieux. À la même époque, le site accueille aussi plusieurs cirques qui y présentent leurs spectacles. Le plus célèbre d’entre eux est certainement celui de William Frederic Cody, mieux connu sous le nom de Buffalo Bill.

Les plaines d’Abraham sont également témoins d’événements importants au cours du 20e siècle. Parmi eux, on pense notamment à l’atterrissage du très célèbre Charles Lindbergh le 24 avril 1928. Le Congrès eucharistique de 1938 de même que deux festivals,  la Superfrancofête de 1974 et la Chant’Août de 1975, constituent de plus des événements rassembleurs qui ont attiré des foules considérables.

Parallèlement, le site est utilisé pour célébrer et commémorer certains faits historiques marquants. L’une de ces commémorations est même à l’origine de la création du parc des Champs-de-Bataille: les fêtes du tricentenaire de la ville de Québec en 1908. Cinquante ans plus tard, la ville profite également des Plaines pour organiser les festivités du 350e anniversaire. Les plaines d'Abraham ont également pris part au 400e de la ville de Québec en 2008.

Les Plaines accueillent aussi chaque année des activités reliées à des festivals et à des fêtes populaires. Le festival international d’été de Québec y présente par exemple de nombreux spectacles musicaux variés alors que le Carnaval de Québec utilise le parc pour y tenir son concours de sculpture sur neige et pour y installer sa «place de la famille», c’est-à-dire un terrain de jeux familial où l’on s’adonne à différentes activités telles la glissade, la balade en traîneaux à chiens, le rafting sur neige, etc.

Le parc des Champs-de-Bataille est de plus le théâtre des festivités reliées aux fêtes nationales: la Saint-Jean-Baptiste et la Fête du Canada. La première, fête chrétienne très ancienne qui tire son origine du rite païens lié au solstice d’été, est depuis longtemps célébré en Europe. En Nouvelle-France, le 24 juin est également marqué par des manifestations religieuses. Ce n’est toutefois qu’au 19e siècle que la fête prend son caractère politique. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, mouvement nationaliste qui vise à stimuler le sentiment de solidarité nationale des Canadiens français, est fondé en 1834. Dans la capitale, une société similaire est créée en 1842. Dès lors, le 24 juin devient la fête des Canadiens français. À Québec, parmi les grands événements liés à la Saint-Jean-Baptiste, on compte la Convention nationale de 1880 qui rassemblait des représentants de toutes les communautés francophones d’Amérique. Pour l’occasion, les Plaines étaient au cœur de l’événement, accueillant notamment près de 40000 personnes pour une messe sur les Buttes-à-Neveu.

Après avoir été décrété jour férié en 1925, le 24 juin devient officiellement, en 1977, la fête nationale du Québec. À partir de cette date, la Saint-Jean-Baptiste évolue, passant de la fête des Québécois d’origine française et catholique vers celle de tous les Québécois. À Québec, et ce depuis 1984, c’est la Société nationale des Québécois et des Québécoises de la capitale qui est mandaté pour organiser les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste. Chaque année, les plaines d’Abraham s’avèrent être le lieu privilégié, voire incontournable, pour présenter des spectacles de grande envergure et pour organiser des activités familiales comme le pique-nique «la Grande Tablée».

Une semaine après la Saint-Jean-Baptiste, soit le 1er juillet, c’est au tour de l’organisme Célébrations Canada de profiter des atouts qu’offrent les plaines d’Abraham pour marquer la Fête du Canada. Commémorant l’entrée en vigueur de la loi qui créait le Dominion du Canada en 1867, le 1er juillet est fêté sporadiquement durant les 100 premières années du pays. Les fêtes commémorant le centenaire attirent néanmoins l’attention du monde entier sur la Canada, en partie en raison à la tenue d’Expo 67 à Montréal. L’événement agit comme un catalyseur puisque c’est depuis cette date que l’on célèbre de façon plus marquée et surtout plus régulière à travers tout le pays la «Fête du Dominion» ou, selon l’appellation entrée en vigueur en 1982, la «Fête du Canada». Et à Québec, les festivités passent nécessairement par le lieu de rassemblement par excellence: les plaines d’Abraham.

Enfin, le parc des Champs-de-Bataille accueille fréquemment divers organismes qui désirent y tenir leurs activités: compétitions sportives, levées de fonds, tournages, etc. Certains événements reviennent à chaque année alors que d’autres sont uniques. Parmi ces derniers, on compte notamment le premier Jam des neiges de l'histoire moderne du scoutisme tenu sur les Plaines du 27 décembre 1999 au 5 janvier 2000. À cette occasion, en accueillant environ 2 600 scouts de partout à travers le monde, le parc des Champs-de-Bataille aura été une fois de plus un lieu rassembleur au cœur de la ville de Québec.

Les foires agricoles

Le site des plaines d’Abraham est propice aux rassemblements qui exigent de grands espaces, telles des expositions agricoles. La Quebec Agricultural Society, fondée en 1789 par le gouverneur lord Dorchester, tient ses premières exhibitions sur les Plaines. De nouveau au cours des étés 1818 et 1819, le site se transforme en centre de foire. Durant quelques jours, on vient y admirer les plus beaux animaux, grains et légumes de la région. Les exposants sont surtout anglophones. Un concours de labour est organisé et on y expose de nouvelles machines agricoles, telles une petite charrue écossaise et une machine à battre le grain.

De 1889 jusqu’en 1918, les foires agricoles ont régulièrement lieu au Pavillon des patineurs, situé près de l’actuelle Croix du sacrifice. Le bâtiment est construit en 1889 pour servir au Quebec Skating Club et accueille les expositions agricoles. C’est à cet endroit que la Société d’horticulture de Québec présente son exposition de 1897 . À cette époque, les exposants sont surtout francophones, reflétant ainsi l’évolution démographique de la ville.

Les revues et manœuvres militaires

Au début du 19e siècle, les officiers en garnison à Québec organisent des revues et des manœuvres militaires qui prennent la forme de véritables spectacles. Celles-ci, qui comprennent des parades et des combats simulés, attirent en effet de nombreux curieux. Ce sont des événements de marque pour lesquels se déplacent les hauts gradés, les gouverneurs généraux et des membres de la famille royale. Les invités sont reçus selon un «décorum impressionnant et un protocole rigoureux ».

À la fin des années 1830, le climat politique houleux au Bas-Canada pousse les autorités à étaler leur force militaire dans le but d’intimider les Canadiens. Le 18 juin 1838, les troupes commémorent la victoire de Waterloo par une grande parade sur les plaines d’Abraham. À nouveau le 28 juin, la garnison fête en grande pompe le couronnement de la reine Victoria en présence de lord Durham, du gouverneur John Colborne et de tous les officiers, envoyant ainsi un message sans équivoque aux sympathisants patriotes de la région. De fait, la présence de la garnison militaire à Québec, jumelée à la prédominance de la population anglophone, ont grandement refroidi l’ardeur du mouvement patriote .

Encore à la fin du siècle, les déploiements sur les Plaines servent les rivalités nationales et politiques. En 1880, alors qu’on se prépare à fêter la Saint-Jean-Baptiste d’une manière grandiose, les autorités militaires organisent un défilé en l’honneur de l’anniversaire de la reine Victoria, le 24 mai. Les Plaines sont prises d’assaut par l’armée et les volontaires, qui simulent une bataille grandiose à laquelle assiste la population. Cette revue militaire vient «damer le pionà la grande célébration prévue le mois suivant, célébration destinée, elle, à animer la fierté nationale des Canadiens français ».

Fête de la Saint-Jean-Baptiste

Les Français qui s’établissent dans la vallée du Saint-Laurent au 17e siècle amènent avec eux une tradition déjà séculaire: celle du feu de la Saint-Jean, qui marque le solstice d’été et l’arrivée de la belle saison. En 1834, Ludger Duvernay, patriote et président fondateur de la société «Aide-toi, le Ciel t’aidera», choisit Saint-Jean-Baptiste pour patron de l’association qui deviendra l’Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il décide de célébrer la fête patronale du 24 juin et d’en faire une fête nationale . Ce premier grand banquet, tenu à Montréal, regroupe près de 60 personnes: Canadiens, Irlandais, Américains et sympathisants du mouvement patriote .

Cette fête, dit-on, dont le but est de cimenter l’union entre les Canadiens, ne sera point sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme Fête Nationale, et ne pourra manquer de produire les plus beaux résultats .

Les troubles politiques et les Rébellions forcent l’interruption de la fête pour quelques années après 1837. Celle-ci est célébrée de nouveau et acquiert ses éléments traditionnels dans les années 1840: défilé, messe solennelle, banquet, discours patriotiques, etc.

La première célébration officielle de la fête à Québec a lieu en 1842, l’année même où est fondée la Société Saint-Jean-Baptiste de la ville. Nettement politique, la manifestation est ponctuée d’une procession, d’une messe, d’un banquet et de discours patriotiques livrés par Étienne Parent et Pierre-Joseph-Olivier Chauveau . Ce dernier, cofondateur de la Société de Québec, sera premier-ministre du Québec de 1867 à 1873.

Depuis cette époque, la Saint-Jean-Baptiste est célébrée annuellement partout au Québec et, qui plus est, dans sa capitale. Celle-ci est d’ailleurs officiellement devenue la fête nationale de tous les Québécois le 11 mai 1977 sous l’impulsion du gouvernement de René Lévesque.

Certaines Saint-Jean-Baptiste sont passées à l’histoire pour leur ampleur, comme c’est le cas pour la Convention nationale de 1880. Organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, l’événement regroupe des Canadiens français de partout en Amérique du Nord, dans le but «de cimenter l’union entre les Canadiens ». Les plaines d’Abraham servent de toile de fond à la célébration de la nation canadienne-française. Quelque 50000 personnes assistent à une messe pontificale sur les Buttes-à-Nepveu, célébrée par l’archevêque de Québec, Mgr Taschereau. J.-J.-B Chouinard, secrétaire de la Convention nationale, raconte que «le champ de bataille des plaines d’Abraham a tressailli sous les pas d’un peuple dont, en un jour néfaste, il avait bu le plus pur sang ». Un défilé regroupe une vingtaine de chars allégoriques représentant les différents groupes de la société. Le soir même, un grand banquet national au Pavillon des patineurs clos la journée. Les discours patriotiques s’enchaînent, associant l’allégeance à la couronne britannique à la fidélité à la nation canadienne-française. C’est à l’occasion de ce banquet que le Ô Canada est chanté pour la première fois en public. Composée par le juge Adolphe-Basile Routhier et mise en musique par Calixa Lavallée, la pièce électrise la foule. Cent ans après son lancement, en 1980, le gouvernement fédéral en fait l’hymne national officiel du Canada.

Depuis les années 1960, les Plaines sont le théâtre des festivités reliées à la Saint-Jean-Baptiste. Chanson, musique populaire et spectacles de variétés s’y succèdent, tout cela agrémenté du traditionnel feu de la Saint-Jean.

Fête du Canada

L’entrée en vigueur de la confédération canadienne, le 1er juillet 1867, est célébrée en grande pompe à Québec. Les commerces sont fermés pour la journée, et toute la garnison est regroupée sur l’Esplanade. La lecture de la proclamation royale inaugurant le Dominion du Canada est ponctuée par des salves d’artillerie de la Citadelle. Les festivités se poursuivent sur la terrasse Durham, et l’avant-midi prend fin sur l’air de God save the Queen. Le soir, les maisons de Québec sont illuminées et des feux d’artifice clôturent les festivités . Durant le siècle suivant, des événements annuels soulignent régulièrement l’anniversaire du Dominion.

Lors du centenaire de la Confédération, en 1967, la Commission des champs de bataille nationaux souligne l’anniversaire en inaugurant la fontaine du Centenaire, près de l’actuel kiosque Edwin-Bélanger.

Dans les années 1980, le gouvernement canadien soutient financièrement l’organisation de festivités locales un peu partout au Canada. À cette époque, des feux d’artifice sont organisés dans les principales villes canadiennes. En 1982, la fête du Dominion devient officiellement la Fête du Canada. Pratiquement chaque année depuis ce temps, la Fête du Canada fait pendant à la Saint-Jean-Baptiste, célébrée une semaine plus tôt. Comme toujours, les Plaines se font belles pour accueillir les activités familiales et le spectacle en plein air qui savent plaire aux Québécois.

Buffalo Bill – 1897

Dès la fin du 18e siècle, des cirques ont visité le site des plaines d’Abraham qui se prête mieux que tout autre à de telles manifestations. En 1797 et 1798, le cirque de la compagnie de Philadelphie Rickett’s Equestrian and Comedy donne la première représentation sur les Plaines où les spectacles équestres voisinent la danse, les chansons comiques, les animaux exotiques et les feux d’artifice .

Le plus prestigieux des cirques à offrir des spectacles sur les Plaines au 19e siècle est sans doute celui du colonel William Frederic Cody, mieux connu sous le nom de Buffalo Bill. Ancien éclaireur de l’armée américaine et chasseur de bison connu dans tout l’Ouest américain, le célèbre cowboy a monté son propre spectacle. Le Buffalo Bill’s Wild West représente les scènes les plus populaires du Far West américain: attaque de diligence par les «Peaux-rouges», rodéo, chasse au bison, etc. Buffalo Bill et sa troupe de plus de trois cents cavaliers visitent Québec à la fin juin 1897. Ils installent leur camp sur les plaines d’Abraham, au vieil hippodrome du Quebec Turf Club, face à l’actuel Musée national des beaux-arts du Québec . La troupe donne quatre spectacles devant une foule relativement peu nombreuse; le billet de 50 sous en a manifestement découragé plus d’un.

Charles Lindbergh – 1928

Moins d’un an après sa fameuse traversée de l’Atlantique, le pilote américain Charles Lindbergh fait un bref séjour à Québec. Il le fait dans le but de sauver un de ses confrères aviateurs, Floyd Bennett, qui est cloué à un lit de l’hôpital Jeffery Hale et qui souffre d’une pneumonie attrapée en secourant des aviateurs allemands qui s’étaient posés en catastrophe sur une île près du Labrador. Ceux-ci terminaient la première traversée de l’Atlantique d’est en ouest. Floyd Bennett est lui-même un habitué des régions arctiques; avec Robert Byrd, tous deux Américains, ils ont été les premiers à survoler le pôle Nord en 1926.

Le 24 avril 1928, Charles Lindbergh s’envole de New York avec à son bord un sérum devant guérir Bennett. Lindbergh rallie Québec en moins de quatre heures et se pose sur le parc des Champs-de-Bataille, devant une foule qui l’accueille en héros . Il est reçu à dîner par le premier ministre du Québec, Louis-Alexandre Taschereau, et passe la nuit au château Frontenac. Le lendemain matin il reprend son vol pour New York, au moment même où Bennet rend l’âme.

Charles Lindbergh

Charles Lindbergh sur les plaines d’Abraham en 1928.

Source : Inconnue.

Congrès Eucharistique – 1938

Depuis le 17e siècle, Québec est un centre religieux de première importance pour les catholiques d’Amérique du Nord et, à ce titre, la ville a été le lieu de plusieurs grands rassemblements religieux. Le Congrès eucharistique de 1938, tenu en grande partie sur les plaines d’Abraham, figure parmi les manifestations les plus marquantes.

L’Église catholique du Québec, avec ses 25000 membres de communautés religieuses et ses 4000 prêtres, est alors une des forces dominantes de la société québécoise. Pourtant, elle montre quelques signes d’essoufflement face à la modernité et opte pour les grandes manifestations publiques pour raviver la foi des fidèles. C’est dans ce but que le cardinal Jean-Marie Rodrigue Villeneuve organise à Québec un congrès national qui permettra à la population de prononcer un acte de foi collectif.

Le Congrès eucharistique national de Québec se tient du 22 au 26 juin 1938, sous le thème de l’Eucharistie. Tous les mouvements religieux du diocèse de Québec ainsi que de nombreux autres du Canada et des États-Unis y sont représentés. L’évènement comporte deux volets: session d’études d’une part et manifestations publiques d’autre part. Le cardinal de Québec est nommé légat papal pour l’occasion et, à ce titre, peut revêtir les ornements pontificaux. Le cardinal Villeneuve veut faire du parc des Champs-de-Bataille «le Champ de la Paix des peuples réunis autour de l’autel, dans la plus émouvante communion de foi qui se puisse concevoir ». La ville est pavoisée de jaune et de blanc, les couleurs papales. L’affiche du Congrès est visible partout. Des arcs de triomphe, devant être franchis par la procession finale, sont construits dans la ville.

Congrès eucharistique

L’estrade circulaire et le reposoir installés sur les plaines d’Abraham pour le Congrès eucharistique de juin 1938.

Source : Archives de la Commission des champs de bataille nationaux.

Une première messe donne le coup d’envoi au Congrès le 23 juin à minuit, à l’autel spécialement construit sur les plaines d’Abraham. Celui-ci est entouré d’estrades pouvant accueillir plus de 100000 personnes. Lors de la cérémonie d’ouverture, «quelque 150 prêtres donnent la communion à plus de 65000 fidèles ». Le lendemain, devant une foule d’environ 80000 personnes, une centaine de jeunes présentent une grande fresque vivante: Le Mystère de la messe. Le Congrès se termine par une grande procession dans les rues de Québec, qui débute devant la basilique de Québec, puis s’engage sur la côte de la Fabrique, la rue Saint-Jean, le chemin Sainte-Foy, l’avenue des Braves, le chemin Saint-Louis pour se terminer sur les Plaines.

Soixante-dix ans après ce premier congrès, le Congrès eucharistique international se tiendra à Québec du 15 au 22 juin 2008, sous le thème «L’Eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde». La messe de clôture sera célébrée sur les plaines d’Abraham.

Superfrancofête – 1974

Le festival international de la jeunesse francophone est un des plus grands événements jamais tenus sur les plaines d’Abraham. Ce rassemblement visait à resserrer les liens entre francophones du monde entier. En dépit des objections des gouvernements provincial et fédéral qui craignaient une célébration nationaliste, la candidature de Québec fut retenue pour cette première mondiale.

Le festival, aussi appelé Superfrancofête, se déroule sur les Plaines du 13 au 24 août 1974. Quelque 1500 artistes, athlètes et chercheurs de 18 à 35 ans et provenant de 25 pays francophones s’y retrouvent pour partager leurs cultures. Après un défilé et un souper champêtre, le spectacle d’ouverture, qui met en vedette Gilles Vigneault, Félix Leclerc et Robert Charlebois, attire plus de 125000 personnes. Même les premiers-ministres Pierre Elliot Trudeau et Robert Bourassa assistent à l’événement, assis sur le gazon et entourés de policiers. La soirée se termine sur la chanson «Quand les hommes vivront d’amour», de Raymond Lévesque.

Ce «Woodstock de la jeunesse francophone», comme on l’a qualifié à l’époque, est passé à l’histoire . La cour extérieure de l’ancienne prison est transformée en Village des Arts où se rencontre une centaine d’artisans de partout dans le monde. Cette foire permet aux visiteurs de découvrir l’artisanat du monde entier et aux artisans de tisser de liens entre leurs homologues étrangers. Des spectacles d’artistes francophones animent les festivités. En tout, plus d’un million de visiteurs assistent au festival et prennent conscience d’appartenir à une communauté francophone internationale.

Chant’Août – 1975

Suite au succès de la Superfrancofête de 1974, le ministère des Affaires culturelles désire organiser l’année suivante un festival dans le but de stimuler l’essor de la chanson québécoise. Encore une fois, les Plaines s’avèrent être le lieu de prédilection pour tenir cet événement qui prend le nom de Chant’Août. Du 10 au 17 août, plus de 500 artistes offrent des prestations qui attirent près de 100000 personnes. À peu de choses près, tous les grands noms de la chanson québécoise y participent.

Festival d’été

Le Festival d’été international de Québec est fondé en 1968 par un groupe de jeunes artistes et d’hommes d’affaires afin d’aider au développement de la culture, du tourisme et de l’économie régionale . Dès 1974, le festival organise certaines activités sur les Plaines. Cette année-là, quelques centaines de jeunes de la région profitent du vent qui souffle sur les Plaines pour faire s’envoler leurs cerfs-volants. L’année suivante, le festival prévoit des événements de peinture et de théâtre sur le terrain des sports. Dans les années qui suivent, le festival organise différentes activités comparables: course à pied, compétition de rouli-roulant, feu d’artifice, sauts en parachute, concours de voitures anciennes, déjeuner-concert, etc.

Grâce à leur capacité d’accueil, les plaines d’Abraham sont devenues le lieu tout indiqué pour les spectacles à grand déploiement du festival. Encore aujourd’hui, elles accueillent la scène principale et conséquemment des milliers de festivaliers.


Donald Guay, «Culture, sport et divertissement, 1800-1900», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 146.

Donald Guay, «Culture, sport et divertissement, 1800-1900» dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 147.

John Hare, Marc Lafrance, David-Thierry Ruddel. Histoire de la ville de Québec, 1608-1871. Montréal, Boréal/Musée de la civilisation, 1987, p. 240-241.

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H. J. J. B. Chouinard, Annales de la Société St-Jean-Baptiste de Québec : délibérations du comité de régie, grandes démonstrations, réceptions officielles, célébrations d'anniversaires, inauguration du monument de Champlain, fêtes de juin 1902, réminiscences, frères-auxiliaires et amis, volume 3 1889-1901. Québec Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, 1903, p. xxix-xxx.

Cité dans Donald Guay, «Culture, sport et divertissement, 1800-1900» dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 150.

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«Lindbergh accomplit un nouvel exploit en arrivant à Québec hier avec du sérum pour Bennett». L’Action catholique, 25 avril 1928, p. 12.

Cité dans Jean Provencher, «Un lieu de manifestation», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 279.

Jean Provencher, «Un lieu de manifestation», p. 280.

Cité dans Jean Provencher, «Un lieu de manifestation», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 283.

«Festival d’été international de Québec», Encyclopédie de la musique au Canada, 2007. [http://thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0009372] (pages consultée le 29 novembre).

Jean Provencher, «Un lieu de manifestation», dans Jacques Mathieu et Eugen Kedl dir., Les plaines d’Abraham: le culte de l’idéal, Sillery, Septentrion, 1993, p. 286.

Jean Provencher, Le Carnaval de Québec. La grande fête de l’hiver, Québec, Éditions Multimondes/Commission de la Capitale nationale, 2003, p. 95.

Jean Provencher, Le Carnaval de Québec, p. 111.